Sortie de l’APR-UQAM dans le quartier de la Petite-Patrie

Texte de Michel Tousignant

Le 5 mai 2015, près d’une trentaine de collègues en grande forme se sont donné rendez-vous sous un ciel radieux à la station de métro Rosemont pour emprunter un itinéraire traversant le sud du quartier de la Petite Patrie, entre le boulevard Rosemont et la rue Beaubien dans le secteur de la Plaza St-Hubert. Notre collègue retraité de l’université de Montréal, Pierre Nepveu (“Montréal imaginaire. Ville et littérature, 1992; Gaston Miron: La vie d’un homme, 2011”) ainsi que sa soeur Louise ont bien voulu nous guider à travers les lieux qu’ils ont fréquentés durant leur petite enfance. L’auteur de cette note, aussi natif du quartier, les a secondés dans cette aventure d’improvisation.

Le programme a débuté avec un accent futuriste par une introduction à la bibliothèque Marc-Favreau. La magnifique architecture lumineuse ouvrant sur le quartier ainsi que la convivialité des lieux ont vivement retenu l’attention du groupe. Ce programme s’est également terminé sur un regard vers l’avenir par un tour commenté en format réduit de la galerie Art Mûr de la rue St-Hubert, galerie qui offre un vaste espace de trois étages aux jeunes artistes contemporains d’ici et d’ailleurs.

Le moment privilégié de cette visite a été la déambulation dans la ruelle de la rue Chateaubriand où Pierre et Louise ont peiné à reconnaître la résidence de leur enfance tant les lieux avaient été rénovés. Très émus, ils ont lu des textes littéraires sur le quartier et leur famille dont le poème “Florence” de Pierre (voir ci-dessous). Sortie à la Petite-Patrie Nous nous sommes également rassemblés sur le parvis de l’église St-Édouard qui conférait à ses fidèles leur sentiment d’appartenance civil et social avant que le quartier ne se substitue aux paroisses comme point de référence.
D’autres lieux historiques ont complété l’itinéraire. De part et d’autre de la rue St-Denis nous avons évoqué l’ère des tramways en côtoyant l’ancienne cour de la rue Bellechasse direction ouest, puis du côté du levant nous avons résumé les faits marquants de la fondation de l’hôpital Ste-Justine première version, qui a pris naissance grâce à l’initiative de vaillantes femmes qui voulaient contrer le taux extrêmement élevé de la mortalité infantile à Montréal, le deuxième plus haut dans le monde à l’époque … après Calcutta. Le temps manquant pour nous y rendre, nous ne pouvions pas ne pas revivre tout de même les moments fondateurs de l’ensemble du marché Jean-Talon et de ses ancêtres, ce qui fut à l’origine le centre de loisirs Shamrock, du nom du club deux fois vainqueur de la fameuse coupe Stanley, et la gare d’autocars intercités pour la région nord.

Une visite très appréciée et qui a suscité beaucoup de nostalgie chez les personnes présentes, en particulier les natifs de la Petite-Patrie. Une réussite qui a ravi les organisateurs Monique Lemieux, Marcel Rafie et votre serviteur, lequel a produit une pochette d’accompagnement disponible auprès de l’auteur (tousignant.michel@uqam.ca).

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«Florence» de Pierre Nepveu
Extrait du recueil Lignes aériennes, Éditions du Noroît, 2002
[Reproduction du poème sur ce site autorisée par les Éditions du NOROÎT]

À Saint-Augustin de Mirabel derrière l’église
est enterrée ma grand-mère qui fut
en ma ville Dame de Sainte-Anne
et porta bannière dans les processions
du Saint-Sacrement, les derniers mois
de sa vie nous fîmes une neuvaine,
ma sœur et moi, qui croyions de naissance
aux miracles et avec elle chaque soir
récitions des formules pour conjurer
les cellules en folie dans son corps maigre.
C’était un printemps au milieu du siècle
les cloches de Saint-Édouard
acclamaient l’ange du soir,
dans l’escalier accroché au hangar
je montais le cœur battant
observer leur allégresse,
tandis qu’à la cuisine Florence
mère de ma mère s’étiolait
en comptant les jours de sa survivance
sur un chapelet de grains noirs
qui fut retiré de ses mains jointes
le jour de sa mise en terre.